Bab-el-Oued

"Bab-el-Oued raconté à Toinet" (1955). "Alger – Bab-el-Oued" (1956). Avec des extraits de : "Cette haine qui ressemble à l'amour" (1961) – "Journal d'exil" (1963) – "Interdit aux chiens et aux Français" (1966)

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Si Camus a chanté Belcourt, Brune s’est penché sur le quartier de Cagayous, Bab-el-Oued, ce „melting pot“ fascinant.
Dans son roman „Cette haine qui ressemble à l’amour“ (1961) et son „Journal d’exil“ (1963), Brune a longuement déclaré son amour pour ce faubourg d’Alger. Dans „Interdit aux chiens et aux Français“ (1966), il a décrit son calvaire qui était celui de toute l’Algérie française.
Mais déjà en 1955, dans une série d’articles pour „La Dépêche quotidienne“, c’est plein de tendresse et d’humour que Brune a „raconté Bab-el-Oued à Toinet“ en y ajoutant une cinquantaine de caricatures pertinentes.
Tous ces écrits se trouvent réunis dans cette nouvelle édition.

„Bab-el-Oued ?
Ce n’est pas une ville espagnole, ni italienne, ni française. C’est une ville nouvelle… une ville comme il n’en existe nulle part ailleurs.
C’est une ville-synthèse.
Elle est née du brassage de tout ce que la Méditerranée compte de pèlerins de l’aventure, dont les yeux sont accoutumés à chercher au-delà de l’horizon de la mer d’insaisissables eldorados.
C’étaient des Napolitains orgueilleux, des Maltais subtils,
des Corses fiers comme des condottières, des Andalous nonchalants, des Calabrais têtus, des Catalans tragiques… et des Français plus sceptiques que toutes les races du monde puisqu’ils sont capables de rire même des miracles qu’ils accomplissent.
Ils ont importé un prodigieux acharnement au travail et toutes les traditions latines qui comptent parmi les plus somptueuses du monde.
Mais ils ont surtout apporté la gaieté et la jeunesse des races régénérées par les échanges… une vivacité que les bourgeois glacés et pincés jugent vulgaire mais qui n’est qu’une manifestation de la spontanéité des gens sincères et simples… la bonhommie familière des peuples qui ont trop souffert pour ne pas avoir appris les vertus de l’indulgence… et qui savent dissimuler les soucis quotidiens derrière des plaisanteries et des rires qui sont la pudeur des gens pauvres.
Voilà Bab-el-Oued.“ (Jean Brune)