Formalismes esthétiques et héritage herbartien

Vienne, Prague, Moscou

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L’esthétique de Johann Friedrich Herbart (1776-1841), liée à sa philosophie réaliste et à la psychologie empirique qu’il veut développer, occupe une place singulière dans la pensée allemande du début du XIXe siècle. Tout comme la théorie de la connaissance de ce philosophe postkantien et anti-hégélien, elle entend s’opposer au poids que l’idéalisme allemand accorde à l’intuition intellectuelle et à ce qui en découle: l’ineffable, le génie, ou encore les esthétiques de l’empathie (Einfühlung). L’œuvre d’art n’est pas pour Herbart un en soi existant de manière atemporelle, elle se comprend au contraire comme fonctionnelle et relationnelle. Il en découle une conception du jugement de goût qui cherche à rompre avec l’esthétique romantique, expliquant la forme de l’œuvre d’art par les rapports qui la constituent, et non par la sollicitation d’une intuition totalisante.
En conjuguant par conséquent des thématiques privilégiées (esthétique générale, psychologie du son, esthétique musicale, formes poétiques, histoire et science de l’art) avec des espaces et des contextes intellectuels et artistiques différents (Autriche, Bohême et Russie) où le formalisme d’inspiration herbartienne connut des développements féconds, cet ouvrage entend répondre à plusieurs questions qui, en dépit de quelques recherches importantes réalisées durant les dernières années, restent encore largement à explorer: comment se laissent reconstruire les multiples appropriations de l’herbartisme et les transferts internes complexes entre différentes écoles du formalisme allemand, autrichien, tchèque et russe ? Dans quelle mesure cette sphère de communication particulièrement dense des recherches formalistes contribua-t-elle à l’émergence des sciences de la culture modernes et avec quelles implications philosophiques et politiques ?

In Verbindung mit seiner realistischen Philosophie und seiner Psychologie nimmt die Ästhetik von Johann Friedrich Herbart (1776-1841) in der deutschen Geistesgeschichte des beginnenden 19. Jahrhunderts eine besondere Stellung ein. Wie die Erkenntnistheorie des postkantianischen und antihegelianischen Philosophen will sie sich dem Gewicht, das der deutsche Idealismus der intellektuellen Intuition einräumt, sowie den daraus folgenden Vorstellungen des Unsagbaren, des Genies und der Einfühlung widersetzen. Das Kunstwerk ist für Herbart nicht ein zeitlos existierendes „An sich“, es ist ganz im Gegenteil funktional und relational. Daraus entspringt eine Auffassung des Geschmacksurteils, die mit der romantischen Ästhetik brechen will und die die Form des Kunstwerks durch die Beziehungen, aus denen es letztendlich besteht, erklärt, und nicht durch den Verweis auf eine totalisierende Intuition.
Der vorliegende Band untersucht bevorzugte Thematiken der formalistischen Ästhetik (allgemeine Ästhetik, Tonpsychologie, Musikästhetik, poetische Form, Kunstgeschichte und -wissenschaft) im Zusammenhang mit verschiedenen Standorten und intellektuellen Kontexten (Österreich, Böhmen und Russland), in denen der Formalismus herbartianischer Prägung fruchtbar weiterentwickelt wurde. Er will somit eine Reihe von Fragen beantworten, die trotz einiger jüngeren Untersuchungen noch weitestgehend unerforscht sind. Wie lassen sich die verschiedenen Aneignungen des Herbartianismus und die komplexen Binnentransfers zwischen diversen Schulen des deutschen, österreichischen, tschechischen und russischen Formalismus rekonstruieren? Inwieweit trug diese besonders dichte Kommunikationssphäre formalistischer Theorien und Forschungen zur Entwicklung moderner Kulturwissenschaften bei und mit welchen philosophischen und politischen Implikationen?