Autor: Alfred Dreyfus
Alfred Dreyfus, né à Mulhouse le 9 octobre 1859 et mort à Paris le 12 juillet 1935, est un officier français d’origine alsacienne et de confession juive. Il a été victime, en 1894, d’une machination judiciaire qui est à l’origine d’une crise politique majeure des débuts de la IIIe République, l’affaire Dreyfus (1894-1906). Durant ces années de troubles, une large partie de l’opinion française se divise entre dreyfusards et anti-dreyfusards.
Le 15 octobre, il est arrêté et incarcéré à la prison du Cherche-Midi pour espionnage au profit de l’Allemagne. Il passe en conseil de guerre à Paris le 19 décembre 1894 ; le procès se déroule à huis clos. Dreyfus est défendu par un avocat pénaliste talentueux, Edgar Demange, de confession catholique, choisi par son frère Mathieu. Cet avocat tente de démontrer à la Cour l’insuffisance des charges pesant sur l’accusé puisque les différentes expertises en écritures produites se contredisent ; l’une de celles-ci a été effectuée par Bertillon.
Mais, contre toute attente, Dreyfus est condamné le 22 décembre à l’unanimité pour trahison, « à la destitution de son grade, à la dégradation militaire, et à la déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée », c’est-à-dire au bagne en Guyane. Il n’est pas condamné à mort, cette peine ayant été abolie pour les crimes politiques depuis 1848.
Pour les autorités, la presse et le public, les quelques doutes d’avant procès sont dissipés. Son cas est évoqué devant la Chambre des députés et il ne trouve alors aucun défenseur, pas même en la personne de Jean Jaurès qui le condamne à la tribune ou de Clemenceau, les deux soulignant que la peine de mort venait d’être appliquée à un jeune soldat insolent en vertu du Code de justice militaire. Alfred Dreyfus est dégradé le 5 janvier 1895 dans la cour d’honneur de l’École militaire de Paris devant une foule haineuse tenue à distance qui crie notamment « À mort Judas ! Mort au juif ! ».Le 21 février 1895, Alfred Dreyfus est embarqué sur le Ville-de-Saint-Nazaire, qui accoste à l’île Royale le 8 mars. Gardé secrètement sur l’île Royale, il pose pied sur l’île du Diable. Les conditions de détention sont pénibles : il est surveillé jour et nuit par des gardiens relevés toutes les deux heures. Il a interdiction de parler à ses geôliers, qui ne peuvent à leur tour lui parler.
À partir du 14 avril 1895, le prisonnier tient son journal mais l’interrompt le 10 septembre 1896 « tellement las, tellement brisé de corps et d’âme“.